Somalie et Somaliland

Renforcement de la formation et de la pratique des sages-femmes en Somalie et Somaliland (RFPSFS)

Notre plus grand objectif est de fournir un endroit sécuritaire aux mères. Et aux bébés aussi. Nous, sages-femmes, c’est ce que nous voulons par-dessus tout.

– Faduma Mohamed Abdirabi, sage-femme d’expérience, SOMA

À la recherche d’un endroit sécuritaire pour les mères et les bébés

En raison du manque de ressources et de l’impossibilité qu’ont souvent les femmes de prendre des décisions quant à leur santé, la Somalie et le Somaliland affichent l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde. Malgré ces difficultés, la situation s’améliore grâce au dévouement et au travail acharné des sages-femmes somaliennes.

“Un endroit sécuritaire” signifie qu’une mère...

• accouche dans un bon établissement, accompagnée d’une sage-femme qualifiée

• a le choix de ses soins

• dispose du nécessaire afin d’assurer un accouchement sans danger.

Tous les efforts doivent être faits pour qu’elle puisse accoucher en toute sécurité. C’est dans l’intérêt de toutes et tous.

La Somali Midwifery Association (SOMA), la Somaliland Nursing and Midwifery Association (SLNMA), et la Puntland Association of Midwives (PAM), en partenariat avec l’Association canadienne des sages‑femmes (ACSF), veulent relever les nombreux défis auxquels sont confrontées les sages‑femmes et contribuer à offrir un lieu sûr aux mères et aux bébés.

Renforcement de la formation et de la pratique des sages‑femmes en Somalie et Somaliland (RFPSFS) est un projet dirigé par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) avec le financement du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.  


Trois premières photos (écolières, plage, classe) par Fardosa Hussein

Renforcement de la formation et de la pratique des sages-femmes en Somalie et Somaliland (RFPSFS)

RFPSFS (2020-24) vise à réduire la mortalité maternelle en remédiant à la grave pénurie de sages-femmes qualifiées par l’amélioration de la formation et de la pratique des sages-femmes, de la réglementation et du renforcement associatif. Le projet a également pour objectif d’améliorer la santé et les droits sexuels et reproductifs (SDSR) des femmes et des filles de 14 à 49 ans. RFPSFS est mis en place en Somalie, au Puntland et au Somaliland.

Les activités du projet visent ce qui suit :

  • Améliorer la formation des sages‑femmes en exercice et en formation en renforçant leurs compétences, leurs connaissances et la pratique cliniques.
  • Favoriser le soutien de la communauté en influençant positivement les normes d’égalité des genres (en lien avec la violence fondée sur le genre, la SDSR, le consentement et l’accès aux soins de santé).
  • Développer le leadership des sages‑femmes dans le secteur de la santé en outillant leurs associations professionnelles de la Somalie et le Somaliland.
  • Améliorer la capacité du ministère de la Santé à gérer et réglementer la formation et le travail des sages‑femmes, tout en reconnaissant l’expertise technique que détiennent les associations de sages‑femmes.
  • Utiliser des technologies pour améliorer l’accès des femmes et des filles à l’information sur les soins de santé.

SOMALIE ET SOMALILAND

RFPSFS travaille avec trois associations de sages-femmes: la Puntland Association of Midwives (PAM), la Somaliland Nursing and Midwifery Association (SLNMA) et la Somali Midwifery Association (SOMA). Chacune d’entre elles défend la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles à travers leur pratique respective de la profession de sage-femme. Elles organisent également des activités d’engagement du public, des campagnes locales de sensibilisation et offrent des services de counseling dans les centres et cliniques de santé maternelle et infantile et dans les camps pour personnes déplacées à l’intérieur du pays.

Puntland Association of Midwives (PAM)

Le Puntland est situé dans la partie nord-est de la Somalie. Puisque plus de la moitié de sa population est nomade, il est difficile de rejoindre les familles.

« C’est toutefois « un lieu magique » avec le désert et les montagnes. Le territoire est ceinturé par la mer Rouge au nord et l’océan Indien à l’est. »
– Rosine Rugorirwera, sage-femme, PAM

Fondée en 2013, la PAM comptait plus de 600 membres en 2020. Les sages-femmes du Puntland donnent de leur temps bénévolement pour agir à titre de personnes-ressources dans chaque région.

Être sage-femme, c’est un emploi 24h sur 24, 7 jours sur 7. Il faut être en forme tant mentalement que physiquement. C’est à la fois épuisant et exaltant. Parfois, une grossesse se termine par un accouchement normal, un bébé en santé et un sourire sur le visage d’une mère. Ça emplit la sage-femme de fierté. La mère et les membres de la famille expriment leur gratitude, et certains parents suggèrent même parfois de donner le nom de la sage-femme au bébé dans l’espoir que ce dernier porte en lui ou en elle un peu de la gentillesse et du dévouement de la sage-femme qui les a aidés.

– Rosine Rugorirwera, sage-femme, PAM

Parfois, la sage-femme ne dispose pas du matériel nécessaire pour prendre soin d’une mère et de son bébé. Elle se lance dans une série d’interventions pour la sauver… mais lorsque toutes les options ont été épuisées, il n’y a rien d’autre à faire. Et la mère meurt.

– Najma Hussein, Présidente, PAM

Le travail des sages-femmes n’est toutefois pas toujours joyeux. Plusieurs d’entre elles travaillent dans des conditions très difficiles. La situation est d’autant plus complexe en raison de l’absence d’un système adéquat d’aiguillage pour les accouchements compliqués, le manque d’équipement médical essentiel et la concurrence avec les accoucheuses traditionnelles.

« Les Trois retards sont une cause importante de décès chez les mères et les bébés en Somalie.

Retard 1 : quand et comment décider de se faire soigner.
Retard 2 : se rendre dans un établissement de soins à temps.
Retard 3 : recevoir les soins nécessaires.

La majorité des décès de femmes à l’accouchement ont été causés par la prise de décision et le retard d’accès à l’hôpital.

S’ils formaient les accoucheuses traditionnelles pour qu’elles deviennent des travailleuses en santé communautaire… C’est une source de revenus pour elles, c’est ainsi qu’elles nourrissent leurs enfants. La meilleure façon de s’y prendre, c’est de les convertir en travailleuses communautaires. La plupart des femmes ont recours aux services des accoucheuses traditionnelles, car elles leur font confiance et les CONNAISSENT. Elles pourraient dire aux femmes de se rendre à l’établissement de santé. En utilisant leur leadership autrement, il serait possible d’aider à la prise de décision. »

– Rosine Rugorirwera, sage-femme, PAM

PAM Faits saillants 2021

La PAM a coordonné et coanimé l’atelier de révision du programme de formation des sages-femmes et a créé une campagne de mobilisation de la population. Pour ce qui est de la réglementation de la profession, la formation avec les sages-femmes et les autorités sanitaires aura lieu en janvier 2022. La formation BeMONC et la célébration de la Journée internationale des sages-femmes sont les autres faits saillants de la PAM en 2021. À l’occasion de la Journée, la PAM a récompensé des sages-femmes d’expérience qui ont travaillé pendant des périodes difficiles.

Les sages-femmes nouvellement diplômées se sont engagées à ne jamais encourager la pratique des mutilations génitales féminines (MGF) ou à les pratiquer dans les établissements de santé, et elles ont promis d’encourager les mères à abandonner cette pratique.

Somaliland Nursing and Midwifery Association (SLNMA)

Le Somaliland est une région autonome du nord de la Somalie, qui a déclaré son indépendance en 1991. En 2022, cependant, aucune puissance étrangère ne reconnaît officiellement la souveraineté du Somaliland, bien que celui-ci soit autonome — avec un gouvernement indépendant, un ministère de la santé, des élections démocratiques et une histoire distincte.

La SLNMA travaille sans relâche pour développer la crédibilité et les compétences de la profession d’infirmière et de sage-femme au Somaliland. L’association a pour mission de faire progresser la formation en soins infirmiers et en pratique sage-femme et d’accroître la capacité de prestation de services afin d’offrir des soins de santé de qualité. Son objectif est de promouvoir une formation de qualité pour les infirmières et les sages-femmes (diplôme, licence et études supérieures) afin de garantir une meilleure santé pour la population.

Lorsqu’une mère arrive d’une région éloignée et qu’elle accouche dans un environnement sécuritaire. Qu’elle est en santé, que vous pouvez l’aider, qu’elle a un accouchement normal et qu’elle est couchée dans le lit, en santé et en sécurité… ça rend vraiment heureuse. Par contre, les femmes n’ont aucun pouvoir de décision lorsqu’il s’agit de leur propre santé. Même lors de l’accouchement.

Une fois, une mère était enceinte de jumeaux. Le premier est né le matin, puis elle est restée à l’hôpital pour se reposer. Le deuxième jumeau n’était pas prêt à sortir. Ils ont fait une échographie. Les médecins ont insisté pour faire une césarienne, mais le mari a répondu: «Non, non! Elle a accouché du premier normalement, et le second sera normal aussi.» Nous avons tenté d’intervenir. Les médecins ont répondu: «Si vous attendez trois heures de plus, elle va mourir!»

Il faisait maintenant nuit et il était sorti. Personne n’arrivait à le joindre… mais il a fini par répondre. Il mâchait du khat au téléphone. Il a répété qu’il ne voulait pas de césarienne. Les médecins ont protesté, cette mère est en train de mourir… Elle a fini par mourir dans d’atroces souffrances… Nous devons parler aux pères et aux maris, ils doivent savoir. Ils ne réalisent pas à quel point leur femme et les mères sont en danger. Le deuxième jumeau est mort. La mère est morte.

– Fouzia Ismail, Président Directeur Général, SLNMA

SLNMA Faits saillants 2021

Edna Adan Ismail, infirmière sage-femme et militante bien connue, réclame que les sages-femmes prônent le libre choix des femmes en matière de santé reproductive. De 2003 à 2006, Mme Adnan a été la première femme ministre des Affaires étrangères du Somaliland. Elle a auparavant occupé le poste de ministre de la Protection de la famille et du Développement social. Pionnière dans la lutte pour l’abolition des mutilations génitales féminines, elle est également présidente de l’Organisation pour les victimes de la torture.

En collaboration avec l’UNFPA, la SLNMA a déterminé les besoins prioritaires et a décidé d’améliorer le service d’obstétrique d’urgence de la région d’Erigavo. L’objectif était de garantir le droit à une bonne santé sexuelle et reproductive chez les femmes, les hommes et les adolescents déplacés et rapatriés.

La SLNMA a également participé à la distribution de 1 800 trousses de dignité à Las Anod et a remis des bons d’achat à 75 femmes et adolescentes. Ces trousses comprennent les produits de première nécessité dont les femmes et les filles déplacées ont besoin pour assurer leur hygiène et préserver leur dignité et leur estime au quotidien malgré leur situation.

Une journée consacrée à réviser les directives/protocoles de réponse aux urgences de santé sexuelle et reproductive a eu lieu le 3 novembre 2021 à Hargeisa. Au total, 30 personnes ont participé à cet atelier, qui avait pour objectif de réviser les politiques et directives existantes d’intervention en cas d’urgence de SSR et d’en faire la promotion, en plus de permettre à la communauté (frères, pères, femmes, maris, etc.) de s’informer davantage sur le consentement éclairé en cas d’urgence obstétricale.

— Faits saillants offerts par Farah Mohammed, coordonnatrice du projet RFPSFS, SLNMA

Somali Midwifery Association (SOMA)

La SOMA est une association professionnelle de sages-femmes dirigée par un conseil d’administration et du personnel bénévole détenant une grande expertise de la gestion de leur association et de l’expérience à travailler avec la population et les autorités sanitaires. Leurs bureaux sont situés dans la capitale, Mogadiscio. La Somalie, dont le nom officiel est République fédérale de Somalie, est bordée par l’Éthiopie à l’ouest; par le Djibouti au nord-ouest; par le golfe d’Aden au nord; par l’océan Indien à l’est; et par le Kenya au sud-ouest.

J’aime être sage-femme… accueillir une vie nouvelle et voir une mère accoucher sans complication. Un bébé vivant et en bonne santé. Faire en sorte que toutes les femmes et tous les bébés se sentent en sécurité entre nos mains. Nous désirons nous assurer qu’ils se sentent tous en sécurité. Je suis heureuse de travailler dans la communauté, de FAIRE PARTIE de la communauté.

– Faduma Mohamed Abdirabi, sage-femme d’expérience, SOMA

SOMA Faits saillants 2021

La SOMA a participé à la révision du programme d’études en pratique sage-femme de pair avec la PAM et la SLNMA. L’association travaillera également sur la réglementation de la profession en janvier 2022.

La SOMA a également réalisé deux campagnes de sensibilisation à l’importance d’aller chercher les soins au bon moment pour les femmes enceintes. 150 mères seront sensibilisées à l’importance de ne pas retarder les soins et de demander des soins par elles-mêmes. En plus, une campagne fera la promotion de la profession de sage-femme auprès des jeunes.

La SOMA a également remis des trousses de dignité aux femmes dans les camps du corridor d’Afgooye, une zone urbaine avec une grande population de personnes déplacées.

En ce moment, nous n’avons pas de réelles infrastructures de santé… Nous n’avons pas de réglementation. Il nous en faut une. Et nous devons apprendre à recueillir des fonds et assurer la pérennité de l’organisme. Nous devons rejoindre les communautés éloignées et les femmes marginalisées.

Notre grand objectif à la SOMA est de préparer les sages-femmes à fournir des soins primaires, secondaires et tertiaires efficaces et adéquats… afin d’améliorer la santé des femmes, des nouveau-nés et des familles dans différents milieux. L’accomplissement dont nous sommes le plus fiers à la SOMA, c’est d’avoir trouvé de nouvelles stratégies pour répondre aux préoccupations des sages-femmes et développé et mis en place de nouvelles procédures et de nouveaux systèmes.

– Faduma Mohamed Abdirabi, sage-femme d’expérience, SOMA

Renforcement de la formation et de la pratique des sages-femmes en Somalie et Somaliland (RFPSFS)

FAITS SAILLANTS DU PROJET: 2020-21

3 formations sur un outil d’évaluation des capacités des associations membres (MACAT; Member Association Capacity Assessment Tool)

2 évaluations de la réglementation de la profession

2 évaluations de la formation et de la pratique des sages-femmes

2 ateliers de révision des programmes

3 formations sur la communication et la revendication

2 formations sur le renforcement des compétences organisationnelles

2 ateliers sur les fondements de la réglementation de la pratique sage-femme

2 campagnes sur la SDSR dans des communautés ciblées par les associations de sages-femmes

Le développement d’une application mobile sur la SDSR pour les jeunes a également débuté cette année. Tout au long de la prochaine année, l’ACSF travaillera en étroite collaboration avec des jeunes de la Somalie et le Somaliland, et un développeur d’applications mobiles, pour créer ce produit qui favorisera une meilleure connaissance de la santé et des droits sexuels et reproductifs.